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Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/216

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die, mais j’espère que vous ne m’en voulez pas.

— Non, certes, Jeanne, je ne vous en veux pas.

J’avoue que sa surprise me gagnait et je remuais dans ma vieille tête cette pensée de la jeune fille : On est inquiet de ce qu’on ne comprend pas.

Mais, prise d’un nouvel accès de gaieté, elle s’écria :

— Elle m’a demandé… devinez : je vous le donne en cent, je vous le donne en mille. Vous donnez votre langue aux chats ? Elle m’a demandé si vous aimiez la bonne chère.

— Et comment avez-vous reçu, Jeanne, cette averse d’interrogations ?

J’ai répondu : Je ne sais pas, mademoiselle. Et mademoiselle m’a dit : Vous êtes une petite sotte. Les moindres détails de la vie d’un homme supérieur doivent être remarqués. Sachez, mademoiselle, que M. Sylvestre Bonnard est une des gloires de la France.

— Peste ! m’écriai-je. Et qu’en pensez-vous, mademoiselle ?

— Je pense que mademoiselle Préfère avait raison. Mais je ne tiens pas… (c’est mal, ce que je vais vous dire) je ne tiens pas du tout, du tout,