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Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/275

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— Un crayon ?

— Oui.

— Passez-le-moi.

Je tirai de ma poche un vieux journal et, sous le vent qui soufflait à éteindre les lanternes, dans la neige qui m’aveuglait, j’arrangeai de mon mieux autour de ce journal une bande à l’adresse de mademoiselle Préfère.

Pendant que j’écrivais, je demandai à Jeanne :

— Quand le facteur passe, il met les lettres et les papiers dans la boîte, il sonne et il passe ? La bonne ouvre la boîte et va porter de suite à mademoiselle Préfère ce qu’elle y a trouvé ? N’est-ce pas ainsi que cela se passe à chaque distribution ?

Jeanne le croyait.

— Nous verrons bien. Jeanne, guettez encore, et dès que la bonne aura quitté la loge, tirez le cordon et venez dehors.

Ayant dit, je glissai mon journal dans la boîte, sonnai roide et m’allai cacher dans l’embrasure d’une porte voisine.

J’y étais depuis quelques minutes quand la petite porte tressaillit, puis s’entr’ouvrit et une