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29 décembre.

Quand j’entrai chez madame de Gabry, je trouvai Jeanne transfigurée.

Avait-elle, comme moi, aux premiers rayons de l’aube, invoqué Celui « qui fit le ciel et la rosée » ? Elle souriait dans une douce quiétude.

Madame de Gabry la rappela pour achever sa coiffure, car cette aimable hôtesse avait voulu arranger de ses mains les cheveux de l’enfant qui lui était confiée. Venu un peu avant l’heure convenue, j’avais interrompu cette gracieuse toilette. Pour me punir, on me fit attendre seul dans le salon. M. de Gabry m’y rejoignit bientôt. Il venait évidemment du dehors, car son front portait encore la marque du chapeau. Son visage ouvert exprimait une animation joyeuse. Je ne crus pas devoir lui faire de questions et nous allâmes tous déjeuner. Quand les domestiques eurent achevé leur service, M. Paul, qui gardait son histoire pour le dessert, nous dit :