Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/321

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Brolles ! Ma maison est la dernière qu’on trouve dans la rue du village, en allant à la forêt. C’est une maison à pignon dont le toit d’ardoise s’irise au soleil comme une gorge de pigeon. La girouette qui s’élève sur ce toit me vaut plus de considération dans le pays que tous mes travaux d’histoire et de philologie. Il n’y a pas un marmot qui ne connaisse la girouette de M. Bonnard. Elle est rouillée et grince aigrement au vent. Parfois elle refuse tout service, comme Thérèse qui se laisse aider, en grognant, par une jeune paysanne. La maison n’est pas grande, mais j’y vis à l’aise. Ma chambre a deux fenêtres et reçoit le premier soleil. Au-dessus est la chambre des enfants. Jeanne et Henri y viennent deux fois l’an.

Le petit Sylvestre y avait son berceau. C’était un joli enfant, mais il était bien pâle. Quand il jouait sur l’herbe, sa mère le suivait d’un