voyait sans faveur ces ouvrages nouveaux qui occupaient tout l’hôtel de Bourgogne, y attiraient la foule des spectateurs et le forçaient de porter ses tragédies au Marais, où on les jouait mal et où le public ne venait pas. Nous avons vu que Racine supportait impatiemment le sourcil froncé de ce grand vieillard. Il en parlait sans doute un peu trop légèrement. Mais à quinze ans de là, après cette nuit d’octobre qui emporta Corneille, Racine fit à l’Académie l’éloge de cet homme illustre, avec une hauteur d’admiration qui n’a jamais été surpassée.
Racine entra à l’Académie française le 12 juillet de l’année 1673, et s’assit en cette compagnie dans le fauteuil de La Mothe Le Vayer’. C’est vers cette époque que Racine dut à la faveur de Colbert la charge de trésorier de France en la généralité de Moulins. Un trésorier général prenait le titre de chevalier et avait droit d’être enterré avec des éperons dorés. Louis XIV, qui avait assisté à la conquête de la Franche-Comté, donna pour son retour des fêtes à Versailles, dans l’été de 1674. Ce fut sur un théâtre dressé pour ces fêtes, sur l’avenue de l’Orangerie, qu’Iphigénie fut donnée pour la première fois. La scène représentait une longue allée de verdure ornée de grottes rustiques et de fontaines avec des vasques de marbre et des tritons d’or*. La cour applaudit. A
1. La tragédie de Mitbridate fut donnée à l’hôtel de Bourgogne en janvier 1673. Elle fut bien accueillie.
2. Félibien. Dans les Œuvres de Molière, publiées par M. Pauly, Paris, A. Lemerre, t. V.
