Page:Anatole France - Le Livre de mon ami.djvu/128

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augmentait mon trouble : je ne savais pas du tout ce que c’était qu’une fiction ; Fontanet ne le savait pas davantage.

Je le demandai à ma mère, quand je fus de retour à la maison.

— Une fiction, me répondit ma mère, c’est un mensonge.

— Ah ! maman, lui dis-je, c’est un malheur que Jeanne soit un mensonge.

— Quelle Jeanne ? demanda ma mère.

Des vierges du hameau Jeanne était la plus belle.

Et je contai l’histoire de Jeanne telle qu’elle me restait dans l’esprit.

Ma mère ne me répondit rien ; mais je l’entendis lui disait à l’oreille de mon père :

— Quelles pauvretés on apprend à cet enfant !

— Ce sont, en effet, de grandes pauvretés, dit mon père. Que voulez-vous aussi qu’une vieille fille entende à la pédagogie ? J’ai un système d’éducation que je vous exposerai un jour. D’après ce système, il faut apprendre à un enfant de l’âge de notre Pierre les mœurs des animaux auxquels il ressemble par les