monie avec le vague de mon âme. Je courais à cheval dans la forêt ; je me roulais à demi nu sur la grève, plein du désir de quelque chose d’inconnu que je devinais partout et que je ne trouvais nulle part.
Seul tout le jour, je pleurais sans cause ; il m’arrivait quelquefois de sentir tout à coup mon cœur se gonfler si fort, que je croyais mourir. Enfin, j’éprouvais un grand trouble ; mais est-il en ce monde un calme qui vaille l’inquiétude que je sentais ? Non. J’en atteste les bois dont les branches cinglaient mon visage ; j’en atteste la falaise où j’allais voir le soleil descendre dans la mer, rien ne vaut le mal dont j’étais alors tourmenté, rien ne vaut les premiers rêves des hommes ! Si le désir embellit toutes les choses sur lesquelles il se pose, le désir de l’inconnu embellit l’univers.
J’ai toujours eu, avec assez de finesse, d’étranges naïvetés. J’aurais peut-être ignoré pendant bien des jours encore la cause de mon trouble et de mes vagues désirs. Mais un poète me la révéla.
J’avais pris aux poètes, dès le collège, un