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Page:Anatole France - Le Livre de mon ami.djvu/240

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vière, assise sous un chêne au bord de la route, travaillait à sa guipure, il trouva une taupe. C’est très grand, une taupe. Il est vrai que celle-là était morte. Elle avait même du sang au museau. Sa maman lui cria :

— André ! veux-tu bien laisser ces horreurs… Tiens, regarde vite là, dans l’arbre.

Et il aperçut un écureuil qui sautait dans les branches. Sa maman avait raison : un écureuil vivant est plus joli qu’une taupe morte.

Mais il était parti trop vite, et André demandait si les écureuils ont des ailes, quand un passant, dont la face mâle et franche était encadrée d’une belle barbe brune, tira son chapeau de paille et s’arrêta devant Mme Trévière.

— Bonjour, madame ; vous vous portez bien ? Comme on se retrouve ! Voilà votre petit bonhomme ? Il est très gentil. On m’avait bien dit que vous logiez ici chez le père Trévière… Excusez-moi. Je le connais depuis si longtemps !

— Nous sommes venus ici parce que mon petit garçon avait besoin du grand air. Mais vous, monsieur, je me rappelle que vous