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Page:Anatole France - Le Livre de mon ami.djvu/87

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sants, le bruit des marteaux du maréchal avaient pour cause la mort de ma grand’mère. À cette idée, qui m’occupait tout entier, j’associais la beauté des arbres, la douceur de l’air et l’éclat du ciel, remarqués pour la première fois.

Je me sentais marcher dans une voie de mystère, et, quand, au détour d’une rue, je vis le petit jardin et le pavillon bien connus, j’éprouvai comme une déception de n’y rien trouver d’extraordinaire. Les oiseaux chantaient.

J’eus peur et je regardai ma mère. Ses yeux étaient fixés avec une expression de crainte religieuse, sur un point vers lequel à mon tour je dirigeai mon regard.

Alors j’aperçus à travers les vitres et les rideaux blancs de la chambre de ma grand’mère une lueur, une faible et pâle lueur, qui tremblait. Et cette lueur était si funèbre dans la grande clarté du jour, que je baissai la tête pour ne plus la voir.

Nous montâmes le petit escalier de bois et nous traversâmes l’appartement, qu’emplissait un vaste silence. Quand ma mère allongea la