Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/325

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Thérèse descendit et se montra sur le perron, tranquille, souriante ; son large chapeau de paille, couronné de coquelicots, jetait sur son visage une ombre transparente où brillaient ses yeux gris.

— Mon Dieu, qu’elle est jolie ! s’écria la princesse Seniavine. Et quel dommage qu’on ne la voie jamais ! Dès le matin, elle passe le bac et trotte dans les ruelles de Saint-Malo ; l’après-midi, elle s’enferme dans sa chambre. Elle nous fuit.

Le mail contournait le large cercle de la grève, au pied des villas et des jardins étagés sur le flanc de la colline. Et l’on voyait à gauche les remparts et le clocher de Saint-Malo sortir de la mer bleue. Puis il s’engagea dans une route bordée de haies vives, le long desquelles passaient des femmes de Dinard, droites sous leur large coiffe de batiste aux ailes flottantes.

— Malheureusement, dit madame Raymond, assise sur le siège à côté de Montessuy, les vieux costumes se perdent. C’est la faute des chemins de fer.

— Il est vrai, dit Montessuy, sans les chemins de fer, les paysans porteraient encore leurs costumes pittoresques d’autrefois. Mais nous ne les verrions pas.

— Qu’importe ! répliqua madame Raymond, nous les imaginerions.