Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/370

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lui la plus belle : il dit que vous êtes une musicale créature. Mais comment le professeur Arrighi ne se souviendrait-il pas de vous, darling, quand les cytises du jardin ne vous ont pas oubliée ? Leurs rameaux défleuris se lamentent de votre absence. Oh ! ils vous regrettent, darling.

— Dites-leur, répondit Thérèse, que j’ai emporté de Fiesole un souvenir délicieux, dont je veux vivre.

Dans le fond de la loge, M. Martin-Bellème exprimait à voix basse ses idées à Joseph Springer et à Duvicquet. Il disait : « La signature de la France est la première du monde. » Il disait encore : « Amortir avec des excédents, non avec des impôts. » Et il inclinait à la prudence en matière financière.

Et miss Bell :

— Oh ! darling, je dirai aux cytises de Fiesole que vous les regrettez, et que vous reviendrez bientôt les visiter sur leur colline. Mais, je vous demande : voyez-vous à Paris M. Dechartre ? Moi, je voudrais le voir beaucoup. Je l’aime parce qu’il a une âme élégante. Oh ! darling, l’âme de M. Dechartre est pleine de grâce et d’élégance.

Thérèse répondit que M. Dechartre était sans doute dans la salle et qu’il ne manquerait pas de venir saluer miss Bell.

La toile tomba sur le tourbillon coloré de la