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Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/409

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lui rappelaient Fiesole et les heures enchantées de l’Italie ; le profil ébauché par Dechartre, cette tête de gamine, qui riait dans sa jolie maigreur souffrante. Elle s’arrêta un moment, avec sympathie, devant cette petite marchande de journaux qui, elle aussi, était venue là et qui avait disparu, emportée dans l’immensité effrayante de la vie et des choses.

Elle répéta :

— Alors, c’est fini ?

Il se tut.

Le crépuscule effaçait déjà les formes.

Elle dit :

— Qu’est-ce que je vais devenir ?

Il répondit :

— Et moi, que deviendrai-je ?

Ils se regardèrent avec pitié, parce que chacun avait pitié de soi-même.

Thérèse dit encore :

— Et moi qui craignais de vieillir, pour vous, pour moi, pour que notre bel amour ne finît pas ! Il valait mieux ne pas naître. Oui, ce serait meilleur que je ne fusse pas née. Quel pressentiment avais-je donc quand, toute petite, sous les tilleuls de Joinville, près de la Couronne, devant les nymphes de marbre, je voulais mourir ?

Les bras tombants et les mains jointes, elle