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Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/84

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M. Bergeret, qui était curieux de s’instruire et ami des nouveautés, pria M. Roux de réciter son poème le plus récent, la Métamorphose de la Nymphe, qu’on ne connaissait pas encore.

— Voyons cela, dit M. Compagnon. Je me mets à votre gauche, monsieur Roux, pour vous donner ma bonne oreille.

Et M. Roux commença de dire d’une voix lente, prolongée et chantante la Métamorphose de la Nymphe. Il dit, en des vers coupés çà et là par le roulement des camions :


La nymphe blanche
Qui coule à pleines hanches,
Le long du rivage arrondi
Et de l’île où les saules grisâtres
Mettent à ses flancs la ceinture d’Ève,
En feuillages ovales,
Et qui fuit pâle.


Puis il fit paraître, en des tableaux changeants :


De vertes berges,
Avec l’auberge
Et les fritures de goujons.