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droit d’enseignement est une délégation de l’autorité publique ». Il admet des conditions d’incapacité professionnelle, et reconnaît qu’en sortant de la société, en renonçant à vouloir, on se rend inapte à former la jeune volonté d’un être social. C’est le cas des moines. Mais le clergé séculier, outre qu’il est parfois difficile de le distinguer du clergé régulier, prononce aussi des vœux, embrasse un genre de vie, obéit à une direction spirituelle qui rendent suspects ses enseignements civiques et moraux. M. Combes était donc amené par ses doctrines à proposer, dans la mesure permise par l’état des finances, la laïcisation complète de l’instruction publique.

Ministre, il restait fidèle à sa pensée du 18 mars 1902, quand il avait dit à M. Jules Huret : « Si le gouvernement exécute la loi des associations dans l’esprit qui l’a conçue, l’enseignement congréganiste aura vécu. »

Avant de reconnaître que c’est là, sans doute, tenir en suspicion la morale chrétienne, il conviendrait de se demander s’il y a vraiment une morale chrétienne et, peut-être, découvrirait-on qu’il y en a plus d’une. Le christianisme, quoi qu’il semble, a beaucoup varié dans ses dogmes ; il a varié plus encore