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dessécher et désoler le cœur des petits gars girondins qui passaient sous sa férule dans la vieille maison Bouquey. Il ne faut pas supposer tant de vertu à une doctrine. Mais enfin, comme disait l’abbé Morellet quand on lui parlait des chefs-d’œuvre de la pénitence : « Si ce n’est pas là du fanatisme, je demande qu’on m’en donne la définition. »

Et c’est pourquoi nous sommes heureux d’entendre M. Combes déclarer que les enfants reçoivent à l’école laïque « les principes d’une morale d’autant plus solide qu’elle est indépendante de tout dogme et d’autant plus noble qu’elle est dérivée uniquement des idées éternelles et nécessaires de justice, de devoir et de droit. »

Les dévots disent volontiers que M. Combes est Robespierre, sans songer que le grand pontife de l’Être suprême faisait l’unique espoir des prêtres quand on le renversa. Ils le traitent de jacobin, en quoi ils montrent qu’ils connaissent bien mal la Société des Amis de la Constitution. Ils le nomment Dioclétien, et c’est précisément le nom que reçut en 1828 M. de Martignac. Ils le nomment aussi Hérode. Je ne crois pas qu’ils le fâchent. Aucune injure, aucune calomnie ne lui a été épargnée. Il les avait prévues. Il a dit noble-