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pas dans ses discours la moindre trace d’emphase.

Je n’en dirai pas davantage et me garderai bien de le louer : il est au pouvoir et son œuvre n’est pas achevée.

Du succès de cette œuvre, à laquelle travaillent le ministère et la majorité républicaine, dépendent les destinées de notre pays, et il s’agit de savoir si le sort de la Belgique nous est réservé ou si notre grande démocratie pourra se développer dans l’ordre et dans la liberté. L’échec de la politique suivies par les Chambres depuis cinq ans nous livrerait au parti noir et aux artisans de la contre-Révolution.

Depuis que Bonaparte a restauré le culte en France, tous les gouvernements qui se sont succédé ont accru la richesse et la puissance de l’Église, et ce ne sont pas ceux qui l’ont le plus aimée qui l’ont le mieux servie. La Restauration fit moins pour elle par amour que le gouvernement de Juillet et le second Empire par intérêt ou par peur. Et certes un Villèle n’était pas capable de lui rendre les services qu’elle a reçus d’un Guizot. Quant à la troisième République, née dans les convulsions de cette Assemblée de Versailles qui voua Paris au Sacré-Cœur, elle