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du 29 août au 8 septembre 1892, les Assomptionnistes « n’ont rien, absolument rien pour répondre à de pareils besoins ; pas de rentes, pas de fondations, pas de dots. Comme les oiseaux du ciel, nos enfants attendent tous les jours la becquée, et leur père, toujours magnifique, leur envoie chaque jour le pain indispensable ».

On peut supposer que l’Œuvre de Saint-Antoine-de-Padoue, celle du Pain de Saint-Antoine et beaucoup d’autres de même nature ne sont point étrangères à cette remarquable prospérité.

Les ressources de l’Association s’augmentent de dons en nature, ainsi qu’il résulte d’un certain nombre de documents saisis ; c’est ainsi que notamment on voit, dans une pièce saisie à Bordeaux, une lettre du P. Ignace adressée à un tiers, « M. le vicomte de Roussy », que ce membre de la Congrégation sollicite de son correspondant l’envoi d’une pièce de vin dans les termes suivants :

« Et puis en son nom (le P. Picard), je me serais encore permis de vous demander la charité d’une demi-barrique de vin très ordinaire — juste de quoi prendre les forces nécessaires pour donner quelques bons coups de poing aux infâmes gendarmes qui viendront sans doute bientôt pour nous chasser. Quoi qu’en puisse écrire la sale Gironde, nous sommes très pauvres ! la preuve, la voici. Vive la pauvreté ! vive la joie ! vive l’Assomption et ses généreux amis ! »

Cette lettre, datée du 10 novembre 1899, a été saisie le 11, avant d’avoir été expédiée.

(Le Procès des Assomptionnistes,
pages 8 et suivantes).