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zouaves de Patay, n’est-il pas vrai que vous aimez Jésus-Christ, d’un immortel amour, et que vous ne craindrez pas, s’il le faut, de verser pour lui votre sang sur le champ de bataille de l’action catholique, comme vous l’avez déjà versé sur les champs de bataille où gronde le canon ?

N’est-ce pas que vous êtes prêts à partir, comme vos pères, pour une nouvelle croisade, en criant : « Dieu le veut et la France le veut ! »

Mais pourquoi saluer une élite ? Est-ce que nous ne sommes pas tous ici soldats sous la bannière du Christ ? Eh bien ! soldats, en avant, à la conquête de la liberté ! Est ce que, au beau pays de France, la liberté n’appartiendrait qu’aux mécréants et aux malfaiteurs ? (Non ! non !)

Est-ce que les catholiques se résigneront plus longtemps à n’être que des parias dans leur vieille et sainte patrie ? (Non ! non !)

Est-ce que ce n’est pas intolérable cela ? (Oui ! oui !)

Est-ce que vous l’endurerez davantage ? (Non ! non !)

Est-ce que vous ne sentez pas un vent de liberté qui souffle de ces montagnes, vous fouette au visage et va demain faire tressaillir le pays ? (Applaudissements frénétiques.)

Si vous ne sentiez pas cela, messieurs, je vous dirais malheur à vous ! malheur à la France ! Malheur à vous et malheur à la France si vous ne compreniez pas que l’heure n’est pas seulement à la parole, ni à la prière ; mais qu’elle est à l’action. Catholiques de France ! réveillez-vous !

Nous avons assez de l’Église dormante, faites revivre l’Église militante. (Salves d’applaudissements.)