le docteur Nozière était à l’hôpital de la Charité. M. Clérot nous fit un tableau horrible de ce qu’il avait vu aux abords des Tuileries. Çà et là des morts, des blessés, des chevaux qui se soulevaient, une jambe brisée, le ventre ouvert, et retombaient, et cependant les curieux emplissant les cafés et une troupe de gamins s’amusant d’un chien qui hurlait près d’un cadavre. Il conta que, assiégé par une profonde colonne d’insurgés avec armes et munitions, le poste du Château-d’Eau, sur la place du Palais-Royal, était enveloppé de flammes quand ses défenseurs mirent bas les armes.
M. Clérot poursuivit à peu près en ces termes :
— Après la reddition du poste, des hommes de bonne volonté furent requis pour éteindre l’incendie ; je me trouvai du nombre ; on se procura des seaux et nous fîmes la chaîne. J’étais placé à cinquante pas environ du brasier, entre un respectable citoyen d’un certain âge, et un gamin qui portait en sautoir la giberne d’un soldat. Les seaux faisaient la navette. Et je disais ; « Attention, citoyens ! attention ! » Je ne me sentais pas bien ; le vent rabattait sur nous la flamme et la fumée ; j’avais les pieds gelés, et par moments il me