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XII

LES DEUX SŒURS


En ce temps-là, maman m’emmenait très souvent dans la rue du Bac. L’hiver approchait. Elle achetait, dans cette rue marchande, des tricots et toutes sortes de lainages et me faisait faire un vêtement chaud par M. Augris, tailleur plein de politesse et d’inexactitude, qui demeurait vis-à-vis de l’hôtel où l’année précédente M. de Chateaubriand était mort. Ce souvenir ne me touchait guère et je regardais négligemment la porte à médaillons, d’un style noble et pur, qui s’était ouverte pour le laisser passer sans retour. Ce qui me ravissait