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Page:Anatole France - Le Petit Pierre.djvu/112

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chimères, car elles ne procédaient en rien du lion ni de la chèvre ; ce n’étaient pas non plus des griffons, puisqu’elles avaient un sein de femme. De longues oreilles coiffaient leur tête qui tenait de la chauve-souris ; leur corps délié participait du lévrier. On voit aujourd’hui sur les candélabres du pont de Suresnes de petites bêtes fantastiques assez semblables à celles-là, qu’on pourrait aussi rapprocher du monstre qui soutient une lanterne sur la façade du palais Riccardi à Florence. Enfin, c’étaient de petites figures décoratives exécutées vers 1840, par un sculpteur comme Feuchère ; mais elles étaient douées d’une physionomie très singulière, et elles tiennent trop de place dans ma vie pour que je les confonde avec aucune autre figure de ce genre.

C’est ma mère qui me les fit remarquer un jour en passant :

— Pierre, regarde ces petites bêtes, me dit-elle. Elles ont beaucoup d’expression. Leur mine est pleine de malice et de gaîté. On passerait des heures à les regarder tant elles ont l’air spirituel et semblent vivantes ! Vois comme elles rient.

Je demandai comment elles s’appelaient. Ma