Page:Anatole France - Le Petit Pierre.djvu/113

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mère me répondit qu’elles n’avaient point de nom en histoire naturelle, parce qu’elles n’existaient pas dans la nature.

Je dis :

— Ce sont les deux sœurs.

Il nous fallut retourner le lendemain chez M. Augris pour essayer une fois encore mon vêtement d’hiver. Quand nous repassâmes devant les deux sœurs, ma chère maman me les montra gravement du doigt.

— Vois ; elles ne rient plus.

Et maman disait vrai. Les sœurs avaient changé d’expression, elles ne riaient plus et leur visage se faisait sévère et menaçant.

Je demandai pourquoi elles ne riaient plus.

— Parce que tu n’as pas été sage aujourd’hui.

Nul doute à cet égard. Je n’avais pas été sage ce jour-là. J’étais allé dans la cuisine où mon cœur m’attirait, j’y avais trouvé la vieille Mélanie qui épluchait les navets. Je voulus les éplucher aussi, ou plutôt les sculpter ; car je méditais de les tailler en forme d’hommes et d’animaux. Mélanie s’y opposa. Irrité de ce refus, je lui arrachai son bonnet tuyauté, à