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Page:Anatole France - Le Petit Pierre.djvu/246

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voir sourire en s’arrêtant sur les beaux cheveux de ma mère. Il me considéra avec autant de bienveillance que pouvait lui en inspirer un enfant sans beauté et recommanda à mes parents de laisser agir librement en moi la nature, source de toute énergie.

M. Ménage fut chaudement félicité et remercié. Ma mère se montra touchée de ce qu’il eût songé à rapporter le panier. Mélanie seule ne fut point reconnaissante au peintre de l’avoir secourue. Il l’avait jadis grièvement offensée en dessinant sur sa porte un Amour qui demandait l’hospitalité, et elle ne lui pardonnait pas cette insolence, tant est fort le sentiment de l’honneur chez une femme de bien.

Conformément au pronostic du docteur, notre vieille bonne se releva ; mais il apparaissait qu’il n’était que temps qu’elle prît sa retraite.

On se cachait de moi. On chuchotait, on étouffait des soupirs, on essuyait des larmes, on faisait des paquets. On parlait à mots couverts de la nièce de Mélanie qui avait épousé un cultivateur nommé Denisot, et gérait avec lui une ferme à Jouy-en-Josas.

Un matin, cette nièce apparut, humble et