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Page:Anatole France - Le Petit Pierre.djvu/298

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où il était enfoui, je le frottai, le fis reluire et parvins à lui donner l’aspect d’une chose un peu usée, sans doute, mais propre,

À dîner, voyant ma mère boire dans un verre assez commun, je lui dis :

— Maman, quand je serai grand, je te donnerai un beau verre à pied, long comme un cornet à fleurs, pareil à celui que j’ai vu dans une ancienne gravure qui représente une dame donnant à boire à Jésus-Christ.

— Je t’en remercie d’avance, Pierre, répondit ma mère, mais il faut penser à apporter un gâteau à cette pauvre vieille Mélanie, qui aime beaucoup la pâtisserie.

Nous allâmes par le chemin de fer à Versailles. Au débarcadère, une carriole nous attendait, attelée d’un cheval boiteux et que conduisait un garçon à jambe de bois, qui nous mena à Jouy, à travers une vallée où couraient des ruisseaux dans les prés et les vergers, et que des bois sombres couronnaient.

— Cette route est jolie, dit ma mère. Sans doute elle était encore plus jolie au printemps, quand les pommiers, les cerisiers, les pêchers formaient des bouquets d’une blancheur avivée de rose. Mais il n’y avait alors