dans l’herbe que des fleurettes timides et pâles, telles que les bassinets, les marguerites des prés. Vois : les fleurs d’été sont plus hardies et portent au soleil, comme ces nielles, ces bleuets, ces pieds-d’alouette, ces coquelicots, des couleurs éclatantes.
J’étais ravi de tout ce que je voyais. Nous arrivâmes à la ferme et trouvâmes madame Denizot dans la cour, près d’un tas de fumier, une fourche à la main.
Elle nous conduisit dans la salle enfumée où Mélanie, au coin de la cheminée, dans un haut fauteuil de bois blanc grossièrement paillé, tricotait de la laine bleue. Un essaim de mouches bourdonnait autour d’elle. Une marmite chantonnait dans l’âtre. À notre venue, Mélanie fit effort pour se soulever de son siège. Ma mère l’y retint d’un geste affectueux. Nous l’embrassâmes. Ma bouche enfonçait dans ses joues molles. Elle remuait les lèvres, mais il n’en sortait pas de son.
— La pauvre vieille, dit madame Denizot, a perdu l’habitude de parler. Ce n’est pas surprenant : elle en a si peu l’occasion, ici !
Mélanie essuya d’un coin de son tablier ses