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XXXIII

DIVAGATION


Après avoir barbouillé déjà beaucoup de papier avec mes souvenirs d’enfance, je retrouve dans un coin de ma mémoire un jugement que ma mère porta sur moi, quand j’étais petit. Un jour qu’elle devait m’emmener à la promenade, elle mit à s’habiller un temps qui me parut long. Et lorsque enfin elle se montra riante et parée, je lui jetai un regard sombre (dit-on), et lui déclarai que je renonçais à cette promenade, à toutes les promenades, à tous les plaisirs, à tous les biens de ce monde, dès ce jour et pour la vie.