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Page:Anatole France - Le Petit Pierre.djvu/96

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neau, s’identifiait une dame d’une grande beauté, nommée Blanche de Castille. C’était peut-être un pseudonyme. Étant la seule femme de la troupe, elle jouait les mères, les épouses, les amantes. Vertueuse et persécutée, le jeune et beau Dunois la sauvait maintes fois des plus grands périls avec le concours empressé et désintéressé de Mitoufle. Elle épousait souvent Dunois, rarement Mitoufle. Un caractère encore et j’en aurai fini avec ma troupe. Jeannot, le petit doigt, était un jeune garçon plein d’innocence, dont à l’occasion on faisait une fillette, comme, par exemple, lorsqu’on jouait le Petit Chaperon Rouge. Et je crois qu’en devenant fille, il lui venait de l’esprit. Les pièces faites pour les interprètes que je viens d’énumérer se rapprochaient de la commedia del arte en ce sens que j’en composais le canevas et que mes acteurs improvisaient le dialogue en se conformant à leur caractère et à leur situation. Toutefois, il s’en fallait de beaucoup qu’elles ressemblassent aux farces italiennes et à ces pièces du théâtre de la foire qui mettent aux prises Arlequin, Colombine et le docteur pour de vils intérêts, et des passions basses. Mes ouvrages, plus nobles, appar-