Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nades et dans les églises où fréquentent les dames. Elle était semblable à une peinture faite par un très bon ouvrier.

Elle avait des cheveux d’or crespelé, le front blanc, les yeux d’une couleur qui ne se voit qu’en la pierre précieuse nommée aigue-marine, les joues roses, le nez droit et fin. Sa bouche imitait l’arc de l’Amour et blessait en souriant ; et le menton était aussi riant que la bouche. Tout le corps de madame Eletta était fait à souhait pour le plaisir des amants. Ses seins n’étaient point très gros ; mais ils gonflaient la chemisette de deux pleines et bien douces rondeurs jumelles. Tant à cause de mon caractère sacré que parce que je ne l’ai vue que voilée et couverte de ses habits de ville, je ne vous décrirai pas les autres parties de son corps, qui toutes annonçaient leur excellence à travers les tissus qui les couvraient. Je vous dirai seulement que, se trouvant à sa place accoutumée dans l’église de San Zenone, elle ne pouvait faire un mouvement soit pour se lever, soit pour s’agenouiller, ou se prosterner le front contre la dalle, comme il se doit faire au moment de l’élévation du sacré