Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sortait une banderole portant une devise. Or chaque devise était d’une couleur qui ne paraissait sur aucune autre, et, dans le nombre incalculable des devises, on n’en eût pas rencontré deux de la même apparence. Mais les unes étaient trempées dans la pourpre, les autres teintes des lueurs du ciel et de la mer, ou du clair des astres. Il y en avait qui verdoyaient comme l’herbe. Plusieurs étaient très pâles, plusieurs très sombres. En sorte que le regard retrouvait sur ces devises toutes les couleurs dont l’univers est peint.

Le saint homme Giovanni commença de les lire.

Et, par ce moyen, il connut les pensées diverses des hommes. Et, ayant lu assez avant, il s’aperçut que ces devises étaient variées par le sens des mots autant que par la couleur des lettres, et que les sentences s’opposaient entre elles de telle sorte qu’il n’en était pas une seule qui ne contredît toutes les autres.

Mais il vit aussi que cette contrariété, qui existait dans la tête et le corps des maximes, ne subsistait pas dans leur queue, et que toutes s’accordaient par le bas très exacte-