Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/62

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Un jour que celui-ci entrait sous le porche de Santa-Maria Novella, où les moines de l’ordre de Saint-Dominique gardaient alors nombre de livres apportés par des Grecs, messer Betto, qui passait en ce moment sur la place, appela vivement son ami :

— Hé ! mon Guido, lui cria-t-il, où donc allez-vous, en ce clair jour qui vous invite, ce me semble, à chasser à l’oiseau sur les collines, plutôt qu’à vous cacher dans l’ombre de ce cloître ? Faites-moi la grâce de venir dans ma maison d’Arezzo, où je vous jouerai de la flûte, pour le plaisir de vous voir sourire.

— Grand merci ! répondit messer Guido, sans daigner tourner la tête. Je vais voir ma dame.

Et il entra dans l’église qu’il traversa d’un pas rapide, aussi peu soucieux du saint Sacrement exposé sur l’autel, que de messer Betto, planté dehors sur son cheval et demeuré stupide de ce qu’il venait d’entendre ; il pénétra par une porte basse dans le cloître, en longea le mur et parvint dans la librairie où fra Sisto peignait des figures d’anges. Là, ayant donné le salut au bon frère, il tira d’un grand coffre