Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/65

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cours, car elle me parla dans les deux langues qui coulent comme du miel de ses lèvres adorables ; elle me tint d’abord un discours dans la langue des Grecs, que je ne pus comprendre, puis elle me harangua dans le parler des Latins avec une merveilleuse sagesse. Et je fus si content de son entretien, que je la veux épouser.

— C’est pour le moins, dit messer Betto, une nièce de l’empereur de Constantinople, ou sa fille naturelle… Comment la nommez-vous ?

— S’il faut, répondit messer Guido, lui donner un nom d’amour, comme tout poète en donne à l’aimée, je la nommerai Diotime, en mémoire de Diotime de Mégare, qui montra le chemin aux amants de la Vertu. Mais elle se nomme publiquement la Philosophie, et c’est la plus excellente épouse que l’on puisse trouver. Je n’en veux point d’autre, et je jure les dieux que je lui serai fidèle jusqu’à la mort, qui met fin à la connaissance.

En entendant ce propos, messer Betto se frappa le front.

— Par Bacchus, dit-il, je n’avais pas deviné