Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/66

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l’énigme ! Vous êtes, ami Guido, le plus subtil esprit qui ait jamais brillé sous le lys rouge de Florence. Je vous loue de prendre pour épouse une si haute dame. Il naîtra sûrement de cette union une nombreuse lignée de canzones, de sonnets et de ballades. Je vous promets de baptiser ces jolis enfants au son de ma flûte, avec force dragées et devises galantes. Je me réjouis d’autant plus de ces noces spirituelles qu’elles ne vous empêcheront point, le temps venu, d’épouser, selon la chair, quelque honnête dame de la ville.

— Ne le croyez point, répondit messer Guido. Ceux-là qui célèbrent les noces de l’intelligence doivent laisser le mariage au vulgaire profane, qui comprend les grands seigneurs, les marchands et les artisans. Si vous aviez fréquenté comme moi ma Diotime, vous sauriez, ami Betto, qu’elle distingue deux sortes d’hommes, les uns qui, féconds seulement par le corps, ne s’efforcent qu’à cette grossière immortalité que procure la génération des enfants ; les autres, dont l’âme conçoit et engendre ce qu’il convient à l’âme de produire, c’est-à-dire le Beau et le Bien. Ma Diotime a