Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/67

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voulu que je fusse de ceux-ci, et je n’imiterai point, contre son gré, les brutes prolifiques.

Messer Betto Bruneleschi n’approuvait point cette résolution. Il représenta à son ami qu’il fallait dans la vie se faire divers états appropriés aux différents âges, qu’après le temps des plaisirs venait celui de l’ambition, et qu’il convenait, au déclin de la jeunesse, de contracter alliance dans une riche et noble famille, par laquelle on eût accès aux grandes charges de la République, telles que prieur des arts et de la liberté, capitaine du peuple ou gonfalonier de justice.

Mais, voyant que son ami accueillait ces conseils en retroussant la lèvre avec dégoût, comme à l’approche d’une médecine amère, il n’en dit pas plus sur ce sujet, de peur de le fâcher et jugeant sage de s’en remettre au temps dont la force change les cœurs et vient à bout des plus fermes résolutions.

— Gentil Guido, fit-il gaiement, ta dame te permet-elle du moins de prendre du plaisir avec de jolies filles, et de te mêler à nos amusements ?

— Pour cela, répondit messer Guido, elle