Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/164

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Il y avait parmi eux beaucoup de rois et de héros. Mais l’hôte que Mégès voulait honorer en ce repas était un roi de Khios qui, pour acquérir des richesses, avait longtemps navigué sur la mer et beaucoup enduré. Il se nommait Oineus.Tous les convives le regardaient avec admiration parce qu’il avait, comme autrefois le divin Ulysse, échappé à d’innombrables naufrages, partagé, dans des îles, la couche des magiciennes et rapporté des trésors. Il contait ses voyages, ses fatigues, et, doué d’un esprit subtil, il y ajoutait des mensonges.

Reconnaissant un chanteur à la lyre que le Vieillard portait suspendue à son côté, le riche Mégès lui dit :

— Sois le bienvenu. Quels chants sais-tu dire ?

Le Vieillard répondit :

— Je sais la Querelle des rois qui causa de grands maux aux Achéens, je sais l’Assaut du mur. Et ce chant est beau. Je sais aussi Zeus trompé, l’Ambassade et l’Enlèvement des morts. Et ces chants sont beaux. Je sais encore six fois soixante chansons très belles.