Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/209

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ouvrages magiques. Car il ne pensait pas que ces demeures eussent été construites, en un si petit espace de temps, par des moyens naturels.

Il oublia de poursuivre les oiseaux dans la bruyère, et, couché sur la terre rouge, il regarda longtemps la ville étrange. La curiosité, plus forte que la peur, lui tenait les yeux ouverts. Et il contempla ce spectacle jusqu’au soir. Alors il lui vint au cœur une irrésistible envie de pénétrer dans la ville. Il cacha sous une pierre, dans la bruyère, ses colliers d’or, ses bracelets, ses ceintures de pierreries et ses armes de chasse, ne gardant qu’un couteau sous sa saie, et il descendit les pentes de la forêt. En traversant les halliers humides, il cueillit des champignons pour avoir l’air d’un pauvre homme allant vendre sa récolte sur le marché. Et il entra dans la ville, à la troisième veille, par la Porte dorée. Elle était gardée par des légionnaires qui laissaient passer les paysans portant des provisions. Aussi le roi des Atrébates, qui avait pris l’aspect d’un pauvre homme, put-il pénétrer facilement