Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/210

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dans la voie Julienne. Elle était bordée de villas et conduisait au temple de Diane, dont le blême fronton s’élevait, orné déjà de rinceaux de pourpre, d’azur et d’or. Aux heures grises du matin, Komm vit des figures peintes sur les murs des maisons. C’étaient des images aériennes de danseuses et des scènes d’une histoire qu’il ignorait : une jeune vierge, offerte en sacrifice par des héros, une mère furieuse poignardant ses deux enfants encore à la mamelle, un homme auxs pieds de bouc dressant de surprise ses oreilles pointues, quand il dévoile une vierge couchée et dormante et trouve qu’elle est un jeune garçon en même temps qu’une femme. Et il y avait dans les cours d’autres peintures qui enseignaient des façons d’aimer inconnues aux peuples de la Gaule. Quoiqu’il aimât furieusement le vin et les femmes, il ne concevait rien aux voluptés ausoniennies, parce qu’il ne se faisait pas une idée sensible des formes variées des corps et qu’il n’était pas tourmenté par le désir de la beauté. Venu dans cette ville, qui avait été sienne, pour