Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/211

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satisfaire sa haine et donner à manger à sa colère, il nourrissait son cœur de fureur et de dégoût. Il détestait les arts latins et les artifices mystérieux des peintres. Et, de toutes les scènes représentées sous les portiques, il ne discernait que peu de chose, parce que ses yeux n’étaient savants qu’à connaître les feuillages des arbres et les nuées du ciel sombre.

Portant sa cueillette de morilles dans un pli de sa saie, il allait par les voies pavées de larges dalles. Sous une porte que surmontait un phallus éclairé par une petite lampe, il vit des femmes, vêtues de tuniques transparentes, qui guettaient les passants. Il s’approcha dans l’idée de faire quelque violence. Une vieille survint, qui glapit aigrement :

— Passe ton chemin. Ce n’est pas wne maison pour les paysans qui puent le fromage. Va retrouver tes vaches, bouvier !

Komm lui répondit qu’il avait eu cinquante femmes, les plus belles parmi les femmes atrébates, et des coffres pleins d’or. Les courtisanes se mirent à rire et la vieille cria :