Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/222

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— Nous te suivrons partout où il te plaira de nous mener.

Il les mena par des chemins inconnus jusques aux abords de la voie romaine. Quand il voyait dans une prairie humide, autour de l’habittion d’un homme riche, des chevaux paissant, il les donnait à ses compagnons.

Il forma ainsi une troupe de cavalerie à laquelle venaient se joindre plusieurs Atrébates, désireux de faire la guerre pour acquérir des richesses, et quelques déserteurs du camp romain. Ceux-ci, le chef Komm ne les recevait pas, pour ne point violer le serment qu’il avait fait de ne jamais voir en face un Romain. Il les faisait interroger par un homme intelligent et les renvoyait. Parfois tous les hommes du village, jeunes et vieux, le suppliaient de les recevoir parmi ses fidèles. Ces hommes, les fiscaux de Marcus Antonius les avaient entièrement dépouillés, levant, après le tribut imposé par César, des tributs indus et frappant d’amendes les chefs pour des fautes imaginaires. En effet, les officiers du fisc, après avoir rempli les coffres de l’État, prenaient