Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/77

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Mais Guillaumette Dyonis, debout et les bras levés au ciel, dit d’une voix claire comme le son des cloches :

— Mes sœurs, Jeanne, Opportune et Simone, et toi, mon frère Robin le jardinier, allons, car les temps sont proches. L’âme de ce bon père me tient par la main et elle me conduira. C’est pourquoi il faut que vous me suiviez. Et nous dirons à ceux qui se font une guerre cruelle : « Embrassez-vous. Et si vous voulez vous servir de vos armes, prenez la croix et allez tous ensemble combattre les Sarrasins. Venez ! mes sœurs et mon frère. »

Jeanne Chastenier ramassa à terre le bois d’une flèche, le rompit et en fit une croix qu’elle posa sur la poitrine du bon frère Joconde. Puis ces saintes filles, et avec elles le jardinier, suivirent Guillaumette Dyonis, qui les conduisit par les rues, les places et les venelles comme si ses yeux avaient vu la lumière du jour. Elles atteignirent le pied du rempart et, par l’escalier d’une tour qui n’était pas gardée, montèrent sur le mur. On n’avait