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Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/78

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pas eu le temps de le garnir de ses parements de bois. Aussi marchaient-elles à découvert. Elles allèrent vers la porte Saint-Honoré, enveloppée pour lors de poussière et de fumée. C’est là que les gens du maréchal de Rais donnaient l’assaut. Leurs traits volaient dru sur les remparts. Ils jetaient des bourrées dans l’eau du grand fossé. Et la Pucelle Jeanne, debout sur le dos d’âne qui séparait le grand fossé du petit, disait : « Rendez-vous au roi de France. » Les Anglais épouvantés avaient quitté le haut du mur, y laissant leurs morts et leurs blessés. Guillaumette Dyonis marchait la première, la tête haute, le bras gauche allongé devant elle. Et de sa main droite elle se signait pieusement. Simone la Bardine la suivait de près. Puis venaient Jeanne Chastenier, et Opportune Jadoin. Robin le jardinier cheminait le dernier, le corps tout secoué par un mal intérieur, et montrant les stigmates de ses mains. Ils chantaient des cantiques. Et Guillaumette, se tournant tour à tour du côté de la ville et du côté des champs, dit : « Frères, embrassez-vous les uns les autres.