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LES DIEUX ONT SOIF

rivière de flammes liquides et le bord des nuées était teint de pourpre. La nuit se passa. Une fièvre ardente le dévorait et il buvait avidement, à même sa cruche, une eau qui augmentait son mal.

Le lendemain, le geôlier, qui apporta la soupe, promit à Brotteaux de le mettre à la pistole, moyennant finance, dès qu’il aurait de la place, ce qui ne tarderait guère. En effet, le surlendemain, il invita le vieux traitant à sortir de son cachot. À chaque marche qu’il montait, Brotteaux sentait rentrer en lui la force et la vie, et quand sur le carreau rouge d’une chambre il vit se dresser un lit de sangle recouvert d’une méchante couverture de laine, il pleura de joie. Le lit doré où se becquetaient des colombes, qu’il avait jadis fait faire pour la plus jolie des danseuses de l’Opéra, ne lui avait pas paru si agréable ni promis de telles délices.

Ce lit de sangle était dans une grande salle, assez propre, qui en contenait dix-sept autres, séparés par de hautes planches. La compagnie qui habitait là, composée d’ex-nobles, de marchands, de banquiers, d’artisans, ne déplut pas au vieux publicain, qui s’accommodait de toutes sortes de personnes. Il observa que ces hommes, privés comme lui de tout plaisir et exposés à périr par la main du bourreau, mon-