Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/267

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brouillés trop tôt avec le gouvernement ont eu à le regretter. On ne songe pas assez qu’un gouvernement déjà par terre a encore le temps de vous lâcher un coup de pied et de vous casser les mandibules. » Cette sagesse lui venait de son bon esprit et de ce qu’il était fournisseur, aux ordres du ministère. Il était ambitieux, mais il s’efforçait de satisfaire son ambition sans qu’il en coûtât rien à ses affaires ni à ses plaisirs, qui étaient les tableaux et les femmes. Au reste très actif, toujours entre son usine et Paris, où il avait trois ou quatre domiciles.

La pensée de couler sa candidature entre les radicaux et les nationalistes purs lui étant venue un jour, il alla trouver M. le préfet Worms-Clavelin et lui dit :

— Ce que j’ai à vous proposer, monsieur le préfet, ne peut que vous être agréable. Je suis donc certain à l’avance de votre assentiment. Vous souhaitez le succès de la liste Laprat-Teulet. C’est votre devoir. À cet