Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’attachât à eux, soit qu’il les trouvât moins ennuyeux que les personnes raisonnables, il en avait un grand cortège.

Mademoiselle Bergeret secoua la tête.

— Nos parents recevaient des gens très sensés et des hommes de mérite. Dis plutôt, Lucien, que les bizarreries innocentes de quelques vieilles gens t’ont frappé et que tu en as gardé un vif souvenir.

— Zoé, n’en doutons point : nous fûmes nourris tous deux parmi des gens qui ne pensaient pas d’une façon commune et vulgaire. Mademoiselle Lalouette, l’abbé Mathalène, M. Grille n’avaient pas le sens commun, cela est sûr. Te rappelles-tu M. Grille ? Grand, gros, la face rubiconde avec une barbe blanche coupée ras aux ciseaux, il était vêtu, été comme hiver, de toile à matelas, depuis que ses deux fils avaient péri, en Suisse, dans l’ascension d’un glacier. C’était, au jugement de notre père, un helléniste exquis. Il sentait avec déli-