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II



Il y a dans le clos de la mère-grand de l’herbe, des fleurs et des oiseaux. Fanchon ne croit pas qu’il y ait au monde un plus joli clos. Déjà elle a tiré son couteau de sa poche pour couper son pain, à la mode du village. Elle a d’abord croqué la pomme, ensuite elle a commencé de mordre au pain. Alors un petit oiseau est venu voltiger près d’elle. Puis il en est venu un second, et un troisième. Et dix, et vingt, et trente sont venus autour de Fanchon. Il y en avait des gris, il y en avait des rouges, il y en avait des jaunes et des verts, et des bleus. Et tous étaient jolis et ils chantaient tous. Fanchon ne savait point d’abord ce qu’il lui voulaient. Mais elle s’aperçut bientôt qu’ils voulaient du pain et que c’étaient des petits mendiants. C’étaient en effet des mendiants, mais c’étaient aussi