Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/228

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Voyez, la nuit tombe sur les toits. Un charme paisible, triste et délicieux, enveloppe les choses et les âmes. Des formes pâles flottent dans la clarté de la lune. Ce sont les nymphes qui viennent danser en chœur et chanter des chansons d’amour autour de la tombe du bon saint Valery.


Saint-Valery-sur-Somme, 14 août.

Nous sommes ici dans un pays rude. La mer y est jaunâtre ; c’est à peine si parfois elle bleuit au loin, vers le large. La côte, toute boisée, est d’un vert sombre. Le ciel est gris et pluvieux. L’eau n’a pas de sourires et le vent n’a pas de caresses. Cette baie où le vent du nord entre avec les goëlettes norvégiennes chargées de planches et de fers bruts, Saint-Valery, ne plaît point aux étrangers. Et c’est aussi pour cela qu’on l’aime. On y a la mer et les marins ; on y voit tout le mouvement d’un petit port de commerce et d’une baie poissonneuse. On y vit au milieu des pêcheurs. Ce sont de braves gens, des cœurs simples. Ils habitent le quartier de Courgain. C’est le bien