Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/90

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livres qu’ils donnoient à bon marché. Ce qui estoit d’un grand secours aux gens de lettres, lesquels sont ordinairement fort peu pécunieux.

« Aux estallages, on trouve des petits traitez singuliers, qu’on ne connoit pas bien souvent, d’autres qu’on connoit à la vérité, mais qu’on ne s’avisera pas d’aller demander chez les libraires, et qu’on n’achète que parce qu’ils sont à bon marché ; et enfin de vieilles éditions d’anciens auteurs qu’on trouve à bon marché et qui sont achetez par les pauvres qui n’ont pas moyen d’acheter les nouvelles. »

Cette requête est d’Étienne Baluze, qui fut bon homme et vécut dans les livres sans y trouver le digne repos qu’il y cherchait. Voici comment il conclut :

« Ainsi il semble qu’on devroit tolérer, comme on a fait jusques à présent, les estallages tant en faveur de ces pauvres gens qui sont dans une extrême misère, qu’en considération des gens de lettres, pour lesquels on a toujours eu beaucoup d’esgart en France, et qui, au moyen des défenses qu’on a faites, n’ont plus les occasions de trouver de bons livres à bon marché. »