Aller au contenu

Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

témoignage de Sénèque le philosophe et celui de Tacite. Quand la mère des trois Sénèques, Helvia, perdit son mari, le plus célèbre de ses fils composa pour elle un petit traité philosophique. En un endroit de cet ouvrage, il l’exhorte à penser qu’il lui reste, pour la rattacher à la vie, des enfants tels que Gallion et Méla, différents de caractère, mais également dignes de son affection.

— Jette les yeux sur mes frères, lui dit-il à peu près. Peux-tu, tant qu’ils vivront, accuser la fortune ? Tous deux, par la diversité de leurs vertus, charmeront tes ennuis. Gallion est parvenu aux honneurs par ses talents. Méla les a dédaignés par sa sagesse. Jouis de la considération de l’un, de la tranquillité de l’autre, de l’amour de tous deux. Je connais les intimes sentiments de mes frères. Gallion recherche les dignités pour t’en faire un ornement. Méla embrasse une vie douce et paisible pour se consacrer à toi.