Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/48

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port de Leckhée, bordé de magasins et couvert de navires. À l’occident, la terre était offensée par la fumée des forges et par les ruisseaux noirs des teintureries, et de ce côté, des forêts de pins, s’étendant jusqu’à l’horizon, s’y confondaient avec le ciel.

Peu à peu la ville s’éveilla. Le hennissement aigre d’un cheval déchira l’air matinal, et l’on commença d’entendre les bruits sourds des roues, les cris des charretiers et le chant des vendeuses d’herbes. Sorties de leurs masures à travers les décombres du palais de Sisyphe, de vieilles femmes aveugles, portant sur la tête des urnes de cuivre, allaient, conduites par des enfants, puiser de l’eau à la fontaine Pirène. Sur les toits plats des maisons qui longeaient les jardins du proconsul, des Corinthiennes étendaient du linge pour le faire sécher, et l’une d’elles fouettait son enfant avec des tiges de poireaux. Dans le chemin creux qui montait à l’Acropole, un vieillard demi-nu, cou-