patte, au bord de l’eau, qui reflétait leur cou pâle et rose. Les saules étendaient au loin sur la berge leur doux feuillage gris ; des grues volaient en triangle dans le ciel clair et l’on entendait parmi les roseaux le cri des hérons invisibles. Le fleuve roulait à perte de vue ses larges eaux vertes où des voiles glissaient comme des ailes d’oiseaux, où, çà et là, au bord, se mirait une maison blanche, et sur lesquelles flottaient au loin des vapeurs légères, tandis que des îles lourdes de palmes, de fleurs et de fruits, laissaient s’échapper de leurs ombres des nuées bruyantes de canards, d’oies, de flamants et de sarcelles. À gauche, la grasse vallée étendait jusqu’au désert ses champs et ses vergers qui frissonnaient dans la joie, le soleil dorait les épis, et la fécondité de la terre s’exhalait en poussières odorantes. À cette vue, Paphnuce, tombant à genoux, s’écria :
— Béni soit le Seigneur, qui a favorisé mon voyage ! Toi qui répands ta rosée sur les figuiers de l’Arsinoïtide, mon Dieu, fais descendre la grâce dans l’âme de cette Thaïs que tu n’as pas formée avec moins d’amour que les fleurs des champs et les arbres des jardins. Puisse-t--