Page:Anatole France - Vie de Jeanne d’Arc, 1908, tome 1.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

affaires du royaume, très compromis dans les révolutions, dépouillés et ruinés, et fort impatients de rentrer dans leurs biens ; et le plus habile homme du Conseil, l’archevêque duc de Reims, chancelier du royaume, les dirigeait. Par la durée et la solennité de leurs interrogatoires, ils attiraient sur Jeanne la curiosité, l’intérêt, l’espoir des âmes émerveillées[1].

 La ville d’Orléans avait, pour se défendre, des murs, des fossés, des canons, des gens d’armes et de l’argent. Les Anglais n’avaient pu ni l’enlever d’assaut ni l’investir. Entre leurs bastilles passaient des convois, des compagnies. On fit entrer Jeanne dans la ville avec une belle armée de secours. Elle amenait des troupeaux de bœufs, de moutons et de porcs. Les habitants crurent recevoir un ange du Seigneur. Cependant les assiégeants étaient épuisés d’hommes et d’argent. Ils avaient perdu tous leurs chevaux. Loin de pouvoir tenter désormais une nouvelle attaque, ils n’avaient pas la force de tenir longtemps dans leurs bastilles. À la fin d’avril, il y avait quatre mille Anglais devant Orléans, et peut-être moins, car il s’en partait, comme on disait, tous les jours ; et les déserteurs allaient par troupes

  1. O. Ragnenet, Les juges de Jeanne d’Are à Poitiers, membres du Parlement ou gens d Eglise ? dans Lettres et mémoires de l’Académie de SainteCroix d Orléans, VII, 1894, pp. 399-442. — D. Lacombe, L’hôte de Jeanne d Arc à Poitiers, maître Jean Rabateau, président au Parlement de Poitiers, dans Revue du Bas-Poitou, 1891, pp. 46-66.